« La Maire de Paris a souhaité l’organisation d’une "Nuit de la Solidarité" le 15 février 2018. A cette occasion sera réalisé un décompte anonyme de nuit des personnes en situation de rue. L’objectif de ce décompte, mené avec les signataires du "Pacte de lutte contre la grande exclusion" et les Parisien.ne.s a pour but de mesurer le nombre de personnes à la rue et d’améliorer notre connaissance de leurs profils et de leurs besoins pour adapter les réponses proposées. »
(page d’accueil de la Nuit de la Solidarité sur le site de la Mairie de Paris : https://www.paris.fr/nuitdelasolidarite)
Comme la plupart des associations effectuant des maraudes sur le territoire parisien, nous - Robins des Rues- avons été invités à participer à cette opération de comptage des personnes "en situation de rue".
Mais nous n’y participerons pas :
> parce qu’il semblerait que les personnes concernées (celles qui sont "en situation de rue") n’ont pas été consultées, ni dans les ESI (Espaces Solidarité Insertion), ni dans les accueils de jour, ni dans les centres d’hébergement d’urgence... ni ailleurs d’ailleurs : pourquoi ?
Cette opération unilatérale et "entre-soi" du "Réseau Précarité" nous pose donc question, d’autant que personne -en Mairie ou au sein dudit "Réseau"- n’a clairement pu nous expliquer à quoi serviront ces données.
En revanche, bien qu’anonyme, l’opération pourrait permettre d’établir une géolocalisation (l’adresse sera notée) et un fichage (un questionnaire sera rempli) des personnes rencontrées...
> parce que, quand bien même il faudrait des chiffres et des éléments d’analyse, cette méthode de recensement des personnes "à la rue" ne tient pas compte des personnes qui ne "collent" pas avec le profil ou l’attitude recherchés, ni celles que l’on ne voit pas, celles qui dorment dans des parkings, des cages d’escaliers, des locaux techniques... ni celles qui sont en mouvement, ou dans les rames de métro, ou au boulot, et pas encore installées... ni celles qui ne dorment pas la nuit, ou pas ce soir, ou qui dorment chez des amis (ça arrive aussi !), ou qui devaient aller dormir quelque part, au chaud, et puis finalement non...
> parce que l’association Robins des Rues ne compte pas les gens, quels qu’ils soient.
Nous pensons que "dormir dans la rue" n’est pas, en soi, un critère suffisant pour objectiver ou quantifier des gens (qui sont d’ailleurs très dissemblables), ni qualifier des besoins (qui ne se résument pas à de l’hébergement).
En maraude, nous ne rendons pas visite à x "sdf" mais à des personnes, avec leurs identités, leurs individualités et leurs pratiques de vie ou de survie et qui méritent, de fait, respect et considération.
Pour rester cohérents avec nos principes, nous ne participerons donc pas à la Nuit de la Solidarité ; mais par solidarité avec celles et ceux qui sont "en situation de rue", nous assurerons notre maraude du jeudi dans les 17ème et 18ème arrondissements.
L’association Robins des Rues
PS : Pas une seule info - pas un seul avis concernant la Nuit de la Solidarité à la PSA Bastille : pourquoi ?
C’est pourtant LE lieu d’accueil municipal pour les hommes, isolés de +25 ans, et sans domicile fixe !